Résistant-déporté, grand témoin de la rafle du 25 juin 1943, commandeur de la Légion d’honneur, Gaston Mariotte s’est éteint le 20 avril dernier, à Metz, quelques jours avant son 102e anniversaire.
Il était l'un des doyens parmi les anciens étudiants de l'Université de Strasbourg, déportés les 25 juin et 25 novembre 1943, et à ce titre participait chaque année à la commémoration de ces tristes événements.
Né en Moselle en 1919, Gaston Mariotte était étudiant en droit à l’Université de Strasbourg au moment de la déclaration de guerre. Après avoir accompli son service militaire, il se rend à Clermont-Ferrand et se réinscrit à l’université ; lorsqu’il va loger à la résidence Gallia, il intègre le groupe des étudiants résistants. Mais le 25 juin 1943, tous les résidents sont arrêtés ; fin octobre, il sera de ceux qui sont déportés à Buchenwald, puis sera envoyé au kommando de Schönebeck. Tandis que le camp de Buchenwald est libéré, son kommando est évacué à pied ; au terme d’une « marche de la mort » de 23 jours, c’est totalement épuisé qu’il sera rapatrié en France.
Après la guerre, il entame une carrière de fonctionnaire des finances, qu’il acheva en tant que conservateur des hypothèques à Verdun, lieu symbolique où il était fier d’incarner l’esprit des anciens combattants.
Gaston Mariotte n’aura en effet eu de cesse d’œuvrer à la reconnaissance des anciens combattants, résistants et déportés, s’engageant au sein de la Caisse autonome de retraite des anciens combattants (Carac), mais aussi de la Fédération nationale des déportés et internés de la Résistance (FNDIR) et de l’Union nationale des associations de déportés et internés de la Résistance et familles (Unadif) Moselle. Retraité, il ne ménageait pas ses efforts pour faire vivre le devoir de mémoire dans les écoles, les lycées, les médias, les casernes, ainsi qu’au sein de la commission préfectorale de Moselle. « En montrant aux jeunes générations jusqu’où conduit l’idéologie de l’homme infériorisé et comment s’engager sur la voie d’une réconciliation sincère et éclairée, loin de la haine et du négationnisme, pour construire une communauté européenne apte à forger une paix durable, témoigne son fils aîné, Jean-Marie. Jusqu’au bout, il tenait à être présent aux commémorations, assemblées générales, obsèques de déportés, à la Journée de la mémoire mosellane, et à honorer la mémoire des Morts pour la France avec le Souvenir français. Ultime présence qui le combla de joie : avoir pu venir avec moi à Strasbourg le 25 novembre 2019 (il était alors centenaire) et avoir pu déposer, avec ses amis François Amoudruz et Armand Utz, la gerbe du groupe Cavaillès, dont il fut le dernier président nommé, devant la plaque commémorative dans la hall du Palais universitaire. »
Ses obsèques ont eu lieu le 27 avril. Un hommage lui sera rendu lors des prochaines commémorations des rafles du 25 novembre 1943 à l'Université de Strasbourg.